L’Alphabet
Il était une fois l’alphabet cyrillique
La langue bulgare et l’alphabet cyrillique sont intimement liés. En effet, ce sont les frères slavo-bulgares Saint Cyrille et Saint Méthode (également appelés frères de Thessalonique), qui en sont à l’origine. Créant tout d’abord l’écriture glagolitique en 863, le plus ancien alphabet slavon, ils finalisent par la suite avec leurs élèves l’alphabet cyrillique tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cet alphabet, qui porte le nom de Saint Cyrille, est toujours utilisé par de nombreuses langues slaves : le serbe, le russe, l’ukrainien, le biélorusse. Il est également employé dans l’écriture de la Mongolie, de l’Ouzbékistan, du Kazakhstan et du Tadjikistan.
Une langue et un alphabet au cœur de l’Europe
A l’époque déjà des frères Cyrille et Méthode, le bulgare était parmi les principales langues et écritures d’Europe, les deux frères ayant été envoyés en mission d’évangélisation en Moravie (Moravia Magnum qui s’étendait sur la Bohême tchèque, la Silésie polonaise, la Slovaquie, la Hongrie, et l’Autriche).
La langue bulgare et son alphabet cyrillique furent très tôt reconnus par le Vatican comme un moyen de diffusion des Saintes Ecritures de l’Europe chrétienne au même titre que l’hébreu, le grec et le latin. Le Pape Adrien II l’a solennellement déclaré dans l’église de Santa Maria Maggiore à Rome en y recevant les deux frères. Le pape Jean VIII l’a confirmé en l’an 879 déclarant sa conformité à l’édit Industria tuae.
En 886, à la mort de Saint Méthode, ses élèves Kliment Ohridski, Naum, Sava, Gorazd et Angelarii retournent en Bulgarie pour préparer les livres liturgiques en langue bulgare et créent l’école d’Ohrid et l’école de Pliska-Preslav. Il est admis que c’est Kliment Ohridski qui transforme définitivement l’alphabet glagolitique en écriture cyrillique. L’école d’Ohrid, créée par Kliment Ohridski, a formé plus de 3500 élèves. En 893, dans la capitale bulgare de l’époque Preslav, il a été nommé premier évêque de la langue bulgare.
Rayonnement et transmission de la langue bulgare
La langue bulgare fait partie du groupe des langues indo-européennes. Le vieux bulgare, qui devient la langue officielle de l’Eglise orthodoxe entre les 9e et 11e siècles, est très proche des autres langues slaves comme le serbe ou le russe et porte actuellement le nom de slavon. Jusqu’au 18e siècle, la liturgie de l’Eglise orthodoxe roumaine était prononcée en slavon.
La langue bulgare a joué un rôle historique en France : saviez-vous que les rois de France étaient sacrés à Reims sur des bibles écrites en glagolitique et cyrillique en langue bulgare, scellant ainsi des liens étroits entre les deux pays ? On doit également mentionner les bogomiles bulgares (ou bougres) qui parlaient le bulgare et ont influencé les Cathares. En 1167 l’Evêque cathare bulgare Nikita de Bulgarie présidait le Concile des Catha.
Ensemble, l’Evêque Saint Kiprian Le Bulgare de Kiev et de toutes les Russies, mort en 1406, et l’Evêque Grigorii Camblak de Kiev et de la Lituanie, mort en 1420, ont transmis l’écriture cyrillique et les écritures religieuses bulgares aux Russes, participant ainsi à l’essor spirituel et étatique de la Russie. Plus récemment en 1979, le Pape Jean-Paul II a déclaré les saints frères Cyrille et Méthode “protecteurs de l’Europe pour leur mérite dans la diffusion de la foi chrétienne et le développement de l’Europe chrétienne”.
Actuellement, plus de 350 millions de personnes dans le monde utilisent l’écriture cyrillique.
En 2007, avec l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne, la langue bulgare devient l’une des langues officielles européennes.